Enza Fragola lisant à la bibliothèque de Montreuil, photo par Olga Volfson pour Komitid 

Iel était une fois… 

Les contes de fées ne sont pas que des mots couchés sur le papier. Parfois les histoires prennent corps et sont lues par des créatures de la nuit. Ce sont les Drag Story Hours. C’est un concept répandu aux états unis, où des drag performeur.se.s viennent lire des histoires aux enfants dans les bibliothèques publiques. 

Ces artistes sortis d’imaginaires éclectiques et défiant les codes du genre, sont peut-être les êtres se rapprochant le plus dans la vraie vie de créatures fantastiques de notre enfance : Licornes, princes ou princesses, sirènes et bien d’autres merveilles scintillantes plus modernes issues des dessins animés ou de la culture pop. 

"Pourquoi devraient-iels rester cantonné.e.s au cabaret, ou à la vie nocturne où seuls les adultes peuvent les observer alors que les paillettes brillent bien plus fort dans les yeux des enfants ?"
 

…des artistes d’un autre genre… 

Ces artistes particuliers ont pour matière première le jeu avec les codes du genre et ses représentations. De par leur simple présence, leur costume ou leur attitude, iels interpellent ces stéréotypes que l'on acquiert dès l’enfance. Nous les assimilons consciemment ou non, tant notre société est polarisée sur une binarité artificielle fille/garçon. Le genre est une construction socio-culturelle, qui mal employé fait le lit du sexisme.

La nature et notre société, sont autrement plus diverses et complexes. Il est donc important de montrer qu’il est possible de questionner les standards et d’évoluer en dehors de ces codes arbitraires. Plus simplement : On a le droit d’être un garçon et d’aimer le rose. On a le droit d’être une fille et d’aimer le foot; Des affirmations apparemment triviales, sont pourtant si essentielles.

“Mon enfant, tu as le droit d’être différent et c’est une richesse.” 

Au fil des lectures, on a remarqué que la notion de genre est plus souple chez les plus petits qui n’ont généralement aucune interrogation qu’une princesse soit moustachue et ils vivent simplement et pleinement la féérie de la rencontre et de la lecture.

D’autre part, en grandissant avec l’acquisition des stéréotypes, la notion de genre devient moins plastique chez les enfants. L’art du drag met souvent côte à côte des éléments assignés aux deux genres sur une même personne et brouille les pistes sur l’identité de genre du lecteur.rice. Ça donne parfois lieu à des échanges intéressants qui démontrent que ces stéréotypes ne sont pas absolus. 

…qui avaient des choses à lire…

Les lectures sont sélectionnées pour sensibiliser les enfants à la célébration de la diversité, à la solidarité, à l’égalité femme / homme et à l’affirmation de soi. 

Notre public étant essentiellement des familles homoparentales, une partie de notre répertoire leur est dédiée en évoquant le sujet explicitement ou pas. Souvent, le temps de la lecture, l’hétéro-norme est renversée : Les familles arc-en-ciel sont les familles. point. Par ailleurs, on essaye de faire attention à la présence et la représentation des personnes racisées dans les histoires lues. Nous croyons à l’importance de l’intersectionnalité des luttes humaines et sociales. 

Mais avant tout, ce sont des histoires pour enfants avec un ton léger et potache pour passer un bon moment. La plupart des messages sont implicites dans les histoires mais expliqués par les intervenants.

Nos recherches se font par plusieurs bases de données en ligne comme le Kaleïdoscope au Québec, BeBookInBxl en Belgique ou le blog Mon fils en rose. L’association développe ainsi sa propre bibliothèque afin d’être la plus adaptée possible à un public jeune et variée, surtout si on veut se déplacer dans un lieu n’en étant pas pourvue.

…et des trucs à faire.

On essaie d’accompagner les lectures d’une autre activité que ce soit des jeux, des coloriages, ou des ateliers paillettes afin de diversifier les activités et multiplier les supports ludiques et pédagogiques mais cela demande significativement du matériel, du temps et des idées.  

Enza a commencé une collection de coloriages représentant tou.te.s les artistes qui ont participé aux lectures avec elle. Avec le temps, cette activité a influencé ses costumes qui sont devenus en eux-mêmes des supports de jeux (la robe à colorier, la robe tapis de routes, les chaussures en Lego…).  

Où nous trouver ? 

Dans des bibliothèques, dans des tiers-lieux, notre programmation n'est pas régulière. 
On vous conseille de suivre l'instagram d'Enza et Maison Chéri.e. 
- 28 mai au Marché Drag & Queer à la Cité Fertile à Pantin 
- 3 juin 18h pour la nuit blanche à la Médiathèque Pulp nord à Villejuif

Que lisons-nous ? 

Afin de développer sa propre veille littéraire adaptée et pouvoir intervenir hors des bibliothèques, Maison Chéri.e entretient une petite collection de livres. Nous sommes encore au début de ce projet et on espère agrandir notre répertoire. 

La liste actualisée est par ICI.

Comment ça se passe ?

Pour un public d’enfants, il est préférable de caler l’événement le week-end en fin de matinée ( généralement 11h) ou en après-midi pour le goûter. Le début d'après-midi, pour les plus petits, est souvent le moment de la sieste donc iels peuvent être fatigué.e.s. 

Les artistes de leur côté ont plusieurs heures de préparation / maquillage, puis le temps de transport enfin d’être prêt à accueillir les enfants (certain.e.s artistes ont parfois besoin de 4h avant d’être opérationnel.le.s). Nous sommes généralement 2 pour se partager les textes, les tirades, tourner les pages chacun.e à notre tour, et réagir de façons plus fluides aux enfants. 

On se présente, si les enfants sont peu nombreux, on fait un tour des prénoms de l’assemblée puis on commence une histoire.
Après chaque histoire, on échange un peu avec les enfants, pour avoir leur retour, expliciter la morale de l’histoire. Et on en choisit une autre parfois avec iels et ainsi de suite pendant une heure.

A la fin de la session, on sort les coloriages, ou l’activité secondaire, c’est le moment particulier pour répondre aux questions car on peut s’approcher d’eux individuellement.

Dans le cadre de notre résidence à la folie, on fait deux sessions de lectures séparées par une pause. Cela permet aux familles de venir à des créneaux différents, si elles ont prévues d’autres activités dans le parc de la Villette. Par ailleurs, maintenir une heure d’attention pour un enfant est un effort. Généralement la seconde session est plus animée.  

Où nous joindre ? 

Par mail :
L’association Maison Chéri.e 

maisoncheriedrag@gmail.com

La porteuse de projet :
Enza Fragola / Vincent Mahoudeaux

enzavaganza@gmail.com

ou encore :

https://linktr.ee/MaisonCheri.e

www.facebook.com/DragStoryHour.Paris

Iels parlent de nous : 

"J'ai récupéré mon petit garçon avec des étoiles dans les yeux. "Elle était vraiment belle la licorne" " je suis sûre que les bottes de la princesse brillaient encore plus dans le noir" furent ces phrases de retour de sa journée. Ma compagne a trouvé les livres lus très chouettes et très intéressants. Je te remercie de transmettre ce message et nos remerciements aux drags qui ont animé cet après midi." 

Une des maman de Gaël, reçu par mail le 24/06/21

Dans la presse.

• 04/10/21 Fr3 Île-de-France dans l’émission TokiWoki. A l’occasion de la semaine de la marche des fiertés, Enza avait proposé de faire une session lectures à la folie. TokiWoki est venu à sa rencontre. (Lien vers la video, on est visible de la minute 33 à 41)